Dégoter la substantifique moelle

C’est qu’il en aura fallu de l’agitation pour que les têtes bougent au-dessus du piédestal élyséen bonapartiste ! Quelle obstination pour qu’enfin s’entrouvre en ce 4 décembre 2018 la porte d’une meilleure compréhension, du moins affichée !

Le bilan provisoire de trois semaines insurrectionnelles contre la technocratie néolibérale est lourd. Celles-ci auraient pu être évitées. 

Mais c’était sans compter sans l’arrogance des parvenus. L’élection de 2017 ayant masqué la méfiance du plus grand nombre, le rendez-vous démocratique d’alors aura été pipé. Tout était prêt pour l’excès du Pouvoir.

Le président élu – sur une adhésion minoritaire – se sera senti libre de tout compte à rendre au pays ; mais en novembre 2018 celui-ci se sera rappelé à lui avec détermination.

Occasion de voir une fois de plus à quel point le pouvoir sans scrupules peut rendre sourd et aveugle. L’appui massif de la population aux gilets jaunes contrebalance les amertumes et revivifie l’espoir démocratique. On ne joue pas impunément avec le peuple.

Peut-on  espérer qu’un vrai dialogue s’amorce pour une meilleure prise en compte du quotidien de ceux qui vont… au charbon ? 

La démocratie se ressource dans les luttes. Les gilets jaunes ont révélé une effervescence salutaire. Il est une oligarchie qui reçoit une sévère leçon. Il est temps qu’elle en dégote la substantifique moelle

Henri Lafitte, Chroniques insulaires 

4 décembre 2018