Printemps exceptionnel à Saint-Pierre, élections européennes obligent : depuis quelques jours, les panneaux électoraux fleurissent. Place Richard Briand, Mairie, Place de l’Eglise (ou du Conseil Général – au choix), Feu Rouge, Francoforum, Henriette Bonin, Ile-aux-enfants, le contreplaqué vert à cinq feuilles s’affiche, le vert s’étale, fait la nique au gazon.
Eh ! Vous êtes couvertes de pissenlits ! disent les panneaux aux pelouses.
Vous n’avez même pas de tête d’affiche sur vos panneaux ! rétorquent les phanérogames.
Blessés, les panneaux affichent leur désespérance verte.
Une affiche des radicaux de gauche, dédaigneuse des panneaux, s’est scotchée à un hangar privé, dans le centre-ville.
Pendant ce temps, le sénateur s’affiche sur les écrans.
Et l’on discute, à table, devant une salade verte – c’est la saison.
7 panneaux, que tu multiplies par le nombre de feuilles de contreplaqué, que tu multiplies par…
Combien coûte le contreplaqué ?
Et les chevrons ?
Et n’oubliez pas les clous !
Ça, c’est sûr qu’on ne les oubliera pas ceux-là, conclut un sage.
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
3 juin 1999