Chronique du 3 juin 1999 (2)

Printemps exceptionnel à Saint-Pierre, élections européennes obligent : depuis quelques jours, les panneaux électoraux fleurissent. Place Richard Briand, Mairie, Place de l’Eglise (ou du Conseil Général – au choix), Feu Rouge, Francoforum, Henriette Bonin, Ile-aux-enfants, le contreplaqué vert à cinq feuilles s’affiche, le vert s’étale, fait la nique au gazon.

  Eh ! Vous êtes couvertes de pissenlits ! disent les panneaux aux pelouses.

  Vous n’avez même pas de tête d’affiche sur vos panneaux ! rétorquent les phanérogames.

Blessés, les panneaux affichent leur désespérance verte.

Une affiche des radicaux de gauche, dédaigneuse des panneaux, s’est scotchée à un hangar privé, dans le centre-ville.

Pendant ce temps, le sénateur s’affiche sur les écrans.
Et l’on discute, à table, devant une salade verte – c’est la saison.

  7 panneaux, que tu multiplies par le nombre de feuilles de contreplaqué, que tu multiplies par…

  Combien coûte le contreplaqué ?

  Et les chevrons ?

  Et n’oubliez pas les clous !

  Ça, c’est sûr qu’on ne les oubliera pas ceux-là, conclut un sage.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
3 juin 1999