Chronique du 28 septembre 1999

A Saint-Pierre et Miquelon, on se fait chier. Ainsi pourrait-on résumer l’analyse d’un des visiteurs de la fin de semaine du 25-26 septembre 1999, venu s’ultramariner dans nos îles à bord du Boeing d’Icelandair. La nature et les petits oiseaux, c’est bien gentil, mais il faudrait songer aux soirées, aux journées pluvieuses, venteuses, à décorner les bœufs. Un casino, faudrait peut-être y songer, précise l’interviewé.

Bougez vous les couilles, aurait pu dire un autre. Mais si tous le pensaient, tous étaient polis.
Et cessez vos conneries, aurait pu ajouter un journaliste surpris par tant de rivalités intestines.

« Ça va chier », auraient pu conclure Font et Val s’ils avaient été du voyage.

Mais autre temps, autres mœurs. On envisage, on s’interroge, on se réunit, on transcrit des notes, on se serre la louche, on se sert au dessert, on vérifie la cravate du voisin – car tous sont cravatés – et l’on se dénigre, et l’on se jalouse, l’un est hypocrite, l’autre tout autant.

En attendant (attitude trop fréquente), à force de voir les politiques se tailler des croupières, les croupiers risquent de se tailler ailleurs. Alors, pour commencer, si l’on mettait sur le tapis l’état des dés et les dessous de cartes ? Sans tricher, bien sûr.

On ouvrirait ainsi le premier vrai atelier pédagogique personnalisé à haute valeur ajoutée. En attendant de devenir beau joueur.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
28 septembre 1999