Chronique du 10 octobre 1999

De la Corse, je ne retiendrai que le tango. Car « le tango corse, c’est le plus beau des tangos ».

Car le tango, le sauras-tu ? est une danse en deux temps et trois mouvements, avec une chorégraphie amoureuse et passionnelle à la fois.
Rythme du changement d’un Préfet muté pour la Bretagne pour un Sous-Préfet de Corse, l’île indocile, muté soudainement sur nos rochers policés.

Que j’aime cette danse venue des bas-fonds, des maisons closes, des lupanars crasseux dont la notoriété est due au fait qu’elle ait été reprise par la haute société bien guindée de Paris vers 1913 !

Danse de couple tendrement enlacé comme Saint-Pierre et la Préfecture, les tenants de la bourse étant détenus par icelle, ce qui rajoute au charme. Danse intime dans le secret des bureaux, quand un Préfet vient à rencontrer son âme sœur en la personne d’une « Secrétaire générale », sans attenter – soulignons-le – aux bonnes mœurs qui font toute la différence entre l’esprit français et le côté spadassin du Pouvoir américain.

Danse des espoirs et des déceptions, danse d’un passé révolu où l’on sentait le corps de son partenaire, aujourd’hui si virtuel ! Nostalgie d’un temps où foin de l’hypocrisie, l’on partageait une passion commune, celle de danser sur le plancher, fut-il des vaches.

Rémi Thuau, Préfet de Saint-Pierre, est muté en Bretagne. Francis Spitzer, Préfet de police de Corse, est nommé à Saint-Pierre et Miquelon, en deux temps et trois mouvements.

Les danseurs sont prêts. Le parquet est ciré.

  Je te trouve fort cavalier, me souffle mon ange.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
10 octobre 1999