Chronique du 24 novembre 1999

Le satisfecit affiché lors du récent Forum des métiers à Saint-Pierre et Miquelon ne doit pas masquer une dure réalité : la pauvreté des perspectives réelles de développement. Quels emplois sur l’archipel dans l’extraordinaire variété des métiers possibles à l’échelle de la France, de l’Europe, de la Terre, voire de la lune et autres boules (de cristal) dépendantes du soleil ? À force d’élargir le débat, on finit par en oublier sa paroisse tout en s’auto-administrant l’absolution.

Sans doute est-il plus facile d’évoquer les perspectives astronomiques (ça ne coûte pas cher) que le nombre d’emplois potentiels liés au tourisme.

  Travaillez dans l’hôtellerie-restauration, dit l’un (fonctionnaire de son état).

  Je vais être obligée de fermer mon entreprise, dit l’autre, car la situation est de plus en plus catastrophique.

  Chut, dit le premier, on pourrait vous entendre.

Aussi pour sortir de cette spirale névrotique est-il urgent de faire des propositions.
À titre d’exemples, pourquoi pas un allégement (accent aigu) fiscal pour celui qui sortirait au moins une fois par semaine au restaurant (sur la base de 120,00 francs par personne et par repas), sur une période minimale de quarante semaines ? Un parrainage pourrait en outre être instauré. Toute personne ayant réussi à faire sortir une dizaine d’autres par semaine au restaurant bénéficierait de l’allègement (accent grave – les deux sont possibles) susmentionné et d’un repas gratuit.

Le maintien de l’indexation des fonctionnaires pourrait être subordonné à la fréquentation assidue des spectacles (deux par semaine), ce qui, n’en doutons pas, aurait pour effet de presser nos élus à se bouger le coquillard pour l’expression culturelle, moteur, comme dirait l’autre, de toute collectivité humaine. Le même avantage pourrait être accordé à tout participant à une fête populaire, à Saint-Pierre, comme à Miquelon, sans discrimination.

Quant aux voyageurs, ils pourraient bénéficier d’une réduction sur le prix du billet avion, à condition de fournir la preuve d’achats réguliers dans les différents commerces de l’archipel, toutes spécialités confondues, le nombre de milles obtenus étant lié aux montants mensuels des achats effectués. Pour ceux qui ont horreur des voyages, ils pourraient se rabattre sur une déduction de leur cotisation de sécurité sociale.

Quant aux esprits chagrin, ils seraient lourdement taxés.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
24 novembre 1999