Les mots nous donnent la vie – « et le Verbe s’est fait chair » -, et nourrissent notre histoire. Ainsi en va-t-il de l’étymologie. L’Echo des Caps accorde une place à cette dimension diachronique dans chacun de ses numéros, s’assurant ainsi une longévité à l’épreuve (provisoire) du temps. Après plusieurs semaines, il n’en est toujours qu’à la lettre A, à la manière des Académiciens d’antan (car ne sont-ils pas du passé ?). Attention toutefois au bogue de la lettre Z.
Mais l’étymologie peut être source d’inspiration pour de nouvelles refontes, l’histoire n’est-elle pas après tout qu’un éternel recommencement ? Dans son numéro du 26 novembre, L’Echo met pleins feux sur le mot « ambition ». C’est ainsi que l’on apprend que « dans la république romaine, les fonctionnaires étaient élus. Quiconque briguant un poste devait faire le tour de la ville et à chaque coin de rue prononcer un discours vantant ses mérites et expliquant ses ambitions. »
Faut-il donc du passé toujours faire table rase ? Pourquoi ne pas s’inspirer de la sagesse antique et remettre à l’honneur un mode de recrutement résolument précurseur dans son interactivité ? Cela permettrait ainsi de mesurer la capacité individuelle de mobilisation qu’oublie souvent d’entretenir, voire de mettre en œuvre, un haut fonctionnaire à l’abri dans sa tour d’ivoire.
Le Maire de Saint-Pierre réagit à son tour, dans son éditorial sur une phrase d’un de ces hauts fonctionnaires, chargé de la préparation du récent Forum des métiers : « mobiliser les gens, c’est quelque chose qui n’est pas culturellement très ancré dans l’Archipel » aura-t-il affirmé sur les ondes radio.
Le nouveau mode de recrutement serait un excellent moyen d’en vérifier la pertinence. Le recrutement se ferait en été, chaque candidat étant accompagné d’un fifre, voire d’un sous-fifre, ce qui contribuerait à étoffer grandement le produit touristique local, les étrangers n’ayant toutefois pas droit à prendre part au vote (sachons rester Français).
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
27 novembre 1999