Chronique du 1er décembre 1999

1er décembre 1999, nouvelle journée des morts ou de l’indifférence, ce qui est pire ? 1er décembre, journée où l’on rappelle que le SIDA existe, comme s’il le fallait – et parce qu’il le faut – pendant que l’on en crève, en masse, partout sur la planète.

Et à Saint-Pierre et Miquelon ? Pour la première fois peut-être, en tout cas hier soir sur les ondes télé, j’ai entendu un médecin dire clairement que l’archipel n’était pas épargné. Mais l’évaluation est difficile, par peur de la « notoriété » qui guette tout client de l’hôpital. Car de confidentialité, point.

C’est ce qu’admet un médecin, toujours sur les ondes télé. Résultat, l’on renâcle au dépistage. Parade ? Remplacer, dit-il, le nom du « patient », impatient de savoir, par la lettre X.

Visite au labo :

  Salut Henri, qu’est-ce qu’on peut faire pour toi ?

  C’est pour le dépistage…

  T’as peur d’avoir le SIDA ?

Quelques petites minutes après :

  Ça ne te dérangerait pas de m’appeler X, comme tout le monde ?

Curieux constat de l’incapacité de l’hôpital à assurer la confidentialité de l’acte médical. Comble de l’ironie, le patient lésé, pourra toujours porter plainte contre X ; cela finira bien par se retourner contre lui-même.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
1er décembre 1999