Chronique du 22 Décembre 2000 (2)

En clamant haut et fort qu’elle était seule habilitée à déterminer le prix de l’huile de chauffage par la voix de sa secrétaire générale, la préfecture de Saint-Pierre et Miquelon a prouvé d’une manière incontestable qu’elle était la spécialiste des huiles :

 l’huile minérale, à destination des ménages ;

 les huiles de passage ;

 les huiles figées, toujours présentes à portée de main des huiles de passage ;

 l’huile végétale, dans les repas, pour les huiles de passage assorties de leurs huiles figées ;

 l’huile de ricin pour contrer la constipation ? Ce n’est pas prouvé ;

 l’huile dans les rouages ;

 l’huile dans laquelle on peut se baigner, par beau temps ;

 l’huile de poignet dans le serrage de paluches ;

 l’huile de coude, dans les rapports tapés à seule fin d’être à la page par les secrétaires les bras repliés sur leur clavier ;

 les rapports qui sentent l’huile, compte tenu des heures passées à les penser, les écrire et les classer ;

 l’huile de foie de morue, suivant les livraisons des manifestants en colère ;

 l’huile solaire, pour les mutations ;

 la tache d’huile en cas de décision malencontreuse ;

 l’huile sur le feu, en cas d’obstination ;

 l’huile sur les plaies, pour l’apaisement nécessaire.

L’arrêté préfectoral ayant failli tourner au vinaigre, chacun, dans sa boutique, président du conseil général ou député, s’efforce depuis de vendre sa salade.