Salut le père me dit-il en faisant un grand signe ; sa femme le suit. Je suis sur le podium, en plein spectacle, devant cinq cents personnes ; j’ai les doigts un instant suspendus ; le tempo est à cent quarante. Je lui réponds par un signe de la main gauche, entre deux accords. Le couple vient de passer devant la scène avant de s’installer à une des tables de la salle des sports transformée en cabaret.
Salut le père, semble me dire la baleine à bosse à vingt mètres du Zodiac au large des Voiles Blanches sur la mer azurée.
Salut le père, dis-je au cheval qui vient de me hennir son salut de reconnaissance au crépuscule sur le chemin de la Pointe au Diamant.
Ça dit l’père ? me demande-t-il en me tapant amicalement l’épaule à l’entrée du bar ” Le Petit Bacchus ” dans l’oscillation de la salsa.
Ainsi va la vie sur mon île, mon frère.
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
22 juillet 2002