Chronique du 5 Juillet 2002

Que puis-je te dire de neuf depuis que je pratique un silence aussi assourdissant que les abysses politiques ? Que l’été est enfin là, narguant de ses faux frimas un printemps bien grimé ? Que le brouillard hume le capelan qui ne roule pas ? Que nous avons un député moins nouveau que le Beaujolais ? Qu’il n’est point besoin d’une boule de cristal pour connaître le nom du prochain sénateur ? Que l’avenir a mis le cap sur nos dérives décennales ? Que les touristes sont malheureusement moins nombreux que les promesses jamais tenues ?

Tu te souviens sans doute de la gauche au pouvoir. C’était la LOUM hier éclairant l’avenue du développement à venir non encore avenu. Et tout le monde d’être content. ” Nul doute, écrivait Gérard Grignon, notre député de la majorité depuis que les timoniers des urnes se sont écriés ” A droite toute ! “, que cette loi, bien que rien ne soit jamais parfait, est une excellente loi pour l’Outre-Mer et plus spécifiquement pour Saint-Pierre et Miquelon ” (Le Vent de la Liberté, 16 décembre 2000).

Exit la LOUM. Cette LOUM inusitée nuit, a décrété le grand vizir de la France éclairé (le vizir, pas la France). ” Une loi de programme pour l’Outre-mer sera soumise au Parlement avant la fin de l’année ” a déclaré Raffarin II. Gageons que pour nos élus locaux ce sera une excellente loi, à la différence de celle des séries que l’on évoque en général à force de recevoir désarmés des beignes sur la cafetière.

Bref, l’avenir est pour demain, ce qui évite de s’attarder sur un passé encore présent. Car tu remarqueras, ô capitaine courageux déboussolé, que depuis que les Français ont caviardé la gauche caviar, les œufs de lump ont abandonné les eaux de Miquelon.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
5 juillet 2002