Chronique du 19 août 2002

On a gagné ! s’est exclamée une adversaire de l’épandage d’un produit anti-diprion venu du Canada. L’épandage n’a donc pas eu lieu et Saint-Pierre en cette deuxième quinzaine d’août fleure bon la sève des sapins à l’agonie. On a tué trop d’oiseaux, m’a expliqué un défenseur de la nature. Résultat, l’équilibre s’est rompu.

Que faire ? me suis-je alors dit. Que ferais-tu, toi ?

L’épandage ne comportait-il pas un risque réel ? Ah ! S’il y avait davantage d’oiseaux ! Mais un oiseau, ça vole, quand ça ne tombe pas sous les feux des canardeurs brevetés. Forcément, un oiseau, ça se casse ou se fricasse.

Pourquoi alors ne pas se donner aux uns et autres des noms d’oiseaux pour repeupler la volière ? Alors que les projets virevoltent, ne sommes-nous pas comme l’oiseau sur la branche et suffisamment nombreux pour avaler les chenilles ?

Le petit oiseau va sortir, a prévenu complaisamment un photographe à de jeunes mariés attendris devant des sapins en détresse, fixant ainsi sur sa pelloche argentique un moment de décrépitude saisissant de contraste avec la galetouse du jour.

 Minute papillon ! s’est écrié l’impétrant, la tête couverte d’aiguilles.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
19 août 2002