Chronique du 10 décembre 2002

Trait d’Union, le journal du sénateur, n’a pas peur des mots : « nous partîmes 8 et arrivâmes 24 000. Oui, compagnons et amis, vous avez bien lu : 24 000 participants au Bourget, 8 représentants de saint-Pierre et Miquelon dont nos deux parlementaires en ce fameux jour marquant la naissance des forces de droite, alors que 15 000 étaient d’abord attendus. »

Dont acte.

Rappel d’un autre acte, mais d’une autre pièce, celle des élections législatives de 2001. Le député écrit, dans ses « dix priorités pour l’Archipel » : « Bien que situé dans la mouvance présidentielle et de la majorité que souhaite obtenir le Président de la République, je ne me suis jamais considéré inféodé à quelque formation politique nationale que ce soit. »

Mais être dans un parti signifie-t-il être inféodé ? Quand il s’agit du parti « du nouveau président Alain Juppé », on peut douter de la marge de manœuvre. Tant que le député ne soutient pas un candidat de droite grillé chez l’A.J »…

Or, voilà que dans l’hebdomadaire Marianne l’on apprend que 47621 militants ont participé au vote pour le président et que 37 822 se sont portés sur le nouveau guide suprême, alors que, « emportés par l’ivresse d’un triomphe sans partage » les dirigeants des formations en fusion « avaient annoncé un nombre impressionnant d’adhérents : 164 500 ! », mettant ainsi en exergue « une erreur d’addition ».

164 500, 47 621, 24 000… une seule certitude, il devait bien y avoir 8 représentants de l’Archipel. Mais étaient-ils tous de droite ? Et ne cède-t-on pas trop facilement à l’ivresse du grand large au risque de ne plus savoir combien de marins étaient à bord ?
« Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis ! », comme disait Victor Hugo.

Une seule satisfaction pour le lecteur privé de gueuleton, il y a toujours à boire et à manger en politique, que l’on soit de droite ou de gauche, ce qui paradoxalement, nous laisse toujours sur notre faim.

Et les petits fours ne sont pour les convives que les embryons des déjeuners à venir.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
10 décembre 2002