Chronique du 15 janvier 2003

Audience d’ouverture solennelle 2003 du tribunal d’appel. Toutes les huiles du canton se sont prêtées au traditionnel discours de constat, statistiques et bonnes intentions de l’autorité judiciaire, comme a pu le constater le téléspectateur au journal de 20 heures . Et le juge Billon, tête de pont de la justice sur les îles, de cultiver le parterre de la noble assemblée.

Mais pourquoi ce genre de cérémonie alors que la séparation des pouvoirs est la base même de la nation ? Faut-il être du côté du manche pour répondre à l’appel ? Le « tiers-état » n’était pas de la fête, mais le temps des révolutions et des illusions à perdre est si lointain.

Il fut question de la vétusté de la maison d’arrêt. 2002 aura connu le suicide d’un prisonnier pour la première fois dans l’histoire de l’archipel. Et rendons-lui justice (au prisonnier), il y a de quoi péter les plombs dans un tel clapier propre à illustrer par son exiguïté toute fiction sur le bagne. La privation de liberté signifie-t-elle la privation d’espace vital ?

Des tensions ici, détention là, l’Archipel a fort à faire pour sauter le mur de l’inconscience et s’enivrer de liberté.

Henri Lafitte, Choniques insulaires
15 janvier 2003