Chronique du 28 avril 2003

Tiens, une fois n’est pas coutume, je vais être d’accord avec un premier ministre. Faudrait être plus raisonnable face au SRAS. On meurt aujourd’hui beaucoup plus du SIDA, des accidents de voiture, des cancers en tous genres, ce qui n’empêche pas les Français (ultramarins compris) :

 d’oublier de mettre la capote avant de s’envoyer en l’air sur la banquette arrière ;

 de dépasser allègrement la vitesse autorisée quitte à se plaindre des platanes qui étaient là bien avant l’ouverture des tombeaux à roulettes ;

 de respirer l’air des décharges à ciel ouvert (des dumps, comme on dit à Saint-Pierre) en s’en foutant des dioxines à naseaux ouverts.

Un peu de calme donc ! Retrouvons nos esprits. Pas question de céder aux manipulations télévisées à l’image du déferlement médiatique sur l’insécurité avant le premier tour des élections présidentielles. On a déjà assez toussé en mai 2002, faudrait pas en rajouter (ce qui te prouve le côté rassembleur de notre Raffarin). D’ailleurs, si la pneumonie se transmettait à partir d’un simple serrage de paluches, il y a longtemps qu’on aurait perdu le Sénat, la Présidence de la République, sans oublier les oligarchies régionales.

Car as-tu remarqué (si tu as voyagé récemment) que si les douaniers canadiens mettent ces derniers temps des gants en caoutchouc pour vérifier ton passeport, ça n’empêche pas le Canada d’être plus touché par le SRAS que la France où le gouvernement ne prend pas de gants pour nous serrez la vis ? Certains de nos jeunes sont allés à Toronto, Raffarin est allé redonner des couleurs à la Chine (Ah ! La pâleur de la Chine !) et tout le monde a pu aspirer, expirer sans expirer (on n’expire qu’une fois).

Bref, ne retenons pas trop notre souffle, de crainte de manquer d’air, mais soyons attentifs toutefois, sans oublier:

 de mettre la capote avant de s’envoyer en l’air ;

 de lever le pied plutôt que de perdre les pédales en voiture ;

 de demander des comptes à qui de droit (de droite ou de gauche) quand l’air est pollué.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
28 avril 2003