Chronique du 15 mai 2003

« Gouverner, c’est prévoir », nous rappelle-t-on souvent, pour justifier les gouvernants, ou pour lancer une flèche au concurrent qui gouverne, histoire de prouver qu’on gouverne mieux que lui. Mais prévoir est difficile à… prévoir justement, ce qui peut donner un coup de barre à celui qui tient le gouvernail.

Simuler une catastrophe pour mieux prévoir demain en cas de crise imprévue, tel était le but que s’était fixé le Préfet pour ce jeudi 15 mai. Un exercice d’alerte grandeur nature, à une échelle plus réduite toutefois que le raz-de-marée aussi imprévu que fictif de 1991, un branle-bas de combat pacifique autour d’une école, avec pompiers, gendarmes et caméras.

Patatras ! Grève imprévue chez les pompiers ! Ceux-ci protestent car ils luttent depuis des années pour être assurés en cas d’accident certes imprévu, mais prévisible tout de même compte tenu du danger inhérent à leurs activités Il faut nous donner du temps pour résoudre ce problème, a déclaré l’adjoint au Maire, ce qui était à prévoir.

Patatras ! Patatras ! Grève imprévue à RFO ! Le personnel proteste contre l’arrêt des retransmissions en onde moyenne et l’interdiction de diffusion vers le Canada. Pas de pompiers, pas d’images pour le scénario catastrophe.

C’était à prévoir, dira-t-on. Certes. N’y avait-il pas suffisamment de signes avant-coureurs de ces arrêts inopinés ? Quelle crise gérer en priorité ? N’aurait-il pas été bon d’imaginer quelques simulations pour mieux les prévoir ?

Bref, de quoi se faire tout un cinéma.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
15 mai 2003