Chronique du 14 septembre 2003

Tiens, ô lecteur, un d’entre toi (je te prends dans ta globalité) a fait une remarque intéressante dans la foulée de la chronique du 12 septembre qui m’a captivé la prunelle, pour des prunes, par-dessus le marché c’est te dire. S’il y avait un élu à chaque carrefour, derrière chaque buisson (ardent), au détour du moindre sentier, l’Archipel serait dans le… coaltar salvateur, le « tri couches » rédempteur. C’est ce que l’on peut retenir du débat ras de sol qui retient l’attention en cette rentrée politicarde 2003. Fallait-il bitumer la portion entre le camping de Langlade et le lieu dit « la goélette » ? Oui, a répondu le Président du Conseil sur les ondes de RFO, le trafic automobile l’atteste, il fallait faire quelque chose.

Mais pourquoi ne pas en finir avec la circulation automobile sur Langlade ? Pourquoi ne pas renouer avec le char à bœufs (tu sais, comme celui des rois fainéants), à baufs (modèle plus récent), la carriole à chiens de Terre-Neuve, la culotte de cheval (je sais, on en trouve encore) ? Pourquoi ne pas prendre son temps en villégiature, respirer l’air pur (agrémenté d’un bon crottin de canasson), humer celui du large, plutôt que de foncer, encore et toujours, au risque de faire une sortie de route inopinée ? Tu imagines l’impact sur les 25 kilomètres de Miquelon si tout le parcours se trouvait soudain goudronné ? Fini le record de Claudio à battre, le nec plus ultra de cette gambade collective ! Toute comparaison serait alors impossible, le terrain ayant complètement changé. De surcroît (j’aime cette expression qui me rappelle des jours anciens), il y en aurait bien quelques-uns à faire diligence, ce qui nous changerait de tous ceux qui se délectent à nous voir faire le pied de grue à la première occasion.

Bref, notre vie s’en trouverait profondément bonifiée, nous retrouverions nos racines, nous pourrions faire du foin à bon escient, prendre le mors aux dents pour aller de l’avant., être à cheval sur les principes, monter sur ses grands chevaux (pour les irréductibles), élire un cheval de retour (ça se fait), choisir un cheval de bataille, travailler comme un cheval par respect pour nos ancêtres, éviter le mauvais cheval lors des joutes électorales, inviter Roselyne Bachelot (la ministre de l’écologie et du développement durable, au cas où tu ne le saurais pas) pour lui faire découvrir un petit coin de Paradis.

Et les politiques ne s’englueraient plus dans le goudron.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
14 septembre 2003