Chronique du 7 octobre 2003 (2)

Du temps de la morue, on ne s’en préoccupait pas. « On n’a pas le temps » pouvait être prononcé indifféremment « on », « en », « an », ce qui donnait droit à quelques coups de règles sur les phalanges de la part des chevaliers à la férule de Jules Ferry.

Désormais, « on n’a plus le temps » ne pourra pas être confondu avec « on n’a plus le thon », le deuxième étant nettement plus problématique que le premier, tant est grand l’espoir de temps meilleurs, à tel point que le pluriel n’est pas en l’occurrence singulier.

Que dire de l’employé d’usine chantonnant « je n’aurai pas le thon, pas le thon… » ? Un casseur d’ambiance, à tout le moins (si ce n’est plus). « O thon, suspends ton vol ! » ne sera-t-il pas le révélateur de cadences infernales ?

Enfin, tant que le thon fera tant et plus, tant mieux, pourras-tu dire. T’en fais pas, tu auras raison.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
7 octobre 2003