Chronique du 27 novembre 2003

Concours de circonstances alors que notre Maire qui est sur terre (car notre Père Albert, lui, est aux cieux) était l’invitée de « 52 minutes pour convaincre », sur la lucarne à électrons, le mardi 25 novembre 2003, dès le petit matin, chacun pouvait trouver entre trucs et ficelles de pain un papillon vert de la ville de Saint-Pierre précisant les horaires d’ouverture du site d’élimination des déchets. Au verso, les déchets acceptés et les déchets interdits.

Parmi les déchets interdits :

 les « déchets à risques ». Bon, d’accord ; mais, j’en appelle à tes neurones réflexifs, n’aurait-on pas pu définir la notion de « risques » ?

 les « déchets hospitaliers ou autres ». Bon, d’accord ; mais « autres », c’est quoi ? Les déchets inhospitaliers ?

 les « piles ». Bon, d’accord ; mais on en fait quoi ? Faute de tri sélectif, on continue de les jeter dans les sacs poubelles ? Du moment que ça ne se voit pas, hein… ? Tant pis pour la santé. Et si l’on invitait la population à faire une pile annuelle de toutes les piles, place du Général de Gaulle, pour mieux en voir la face cachée ? A Lille, on fait bien un tas avec des coquilles de moules. Ici, on pourrait innover. Ça ne tomberait pas pile ça ? Ça permettrait pas de flanquer une pile à ceux qui ne font pas face alors qu’ils passent leur temps à vouloir la sauver, la face ? T’as pas le sentiment, ô lecteur, qu’on joue avec notre vie à pile ou face ?

 les huiles de vidange. C’est aux garagistes de se démerder, a expliqué en gros notre maire qui est sur terre ce que Dieu est dans les cieux. Y a qu’à supprimer les caisses à roulettes alors ? Mais ils vont où les droits de douane à l’importation sur les tires , me diras-tu ? Et les taxes sur l’essence ? Foin d’hypocrisie! t’exclameras-tu, supprimons les bagnoles et l’essence consommée et place à la marche, la charrette à bœufs, la calèche à chiens et la culotte de cheval ! De l’exercice nom de Dieu ! (ou que diable !, comme tu veux) et de l’huile de coude à tire-larigot, en marchant sur la tête, car ça on sait faire ! Au moins cette huile-là, pas besoin de la recycler, bordel de merde ! Mais, osé-je te susurrer, que va-t-on faire de nos huiles, tu sais, les autres, celles qui nous vidangent le porte-monnaie ?

 les médicaments. Une solution. Décrétons la bonne santé obligatoire ! Plus personne de malade, pas besoin de pharmacie, pas besoin d’hôpital et mise à pied du personnel de la caserne à malades, histoire de faire marcher tout le monde. Et dans la foulée, rasons la CPS, cette erreur architecturale.

Plus de médicaments, plus d’huiles, plus de piles (avec tous ces éclairages, on naviguera en toute clarté pour quelques années), le chant des oiseaux (plus besoin d’écouter la radio), plus de walkman discriminatoire (dit-on un walkwoman ?).Tu vois que déjà on aura réglé une bonne partie du problème. A ta décharge, je te concède qu’on sera peut-être alors dans la merde. Mais au moins nos édiles pourront dormir tranquilles sur leurs éconocroques.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
27 novembre 2003