Chronique du 7 novembre 2003

Ben mon salaud ! Bon, je te dis « mon salaud », comme je te dirais « ben, mon cochon ! » Comme j’aurais pu dire « Ben le père » , mais qu’il faut être de Saint-Pierre pour apprécier. Ou « Ben mon colonel », sauf que t’es pas militaire. Comme je n’aurais pas dit « ben mon coco », vu que ça pourrait te porter préjudice compte tenu de tes accointances politiques. Comme j’aurais dû dire, c’aurait été plus simple : « Ben mon député ! »

C’est que tu n’y es pas allé de main morte, mon élu – car t’es mon élu, palsambleu ! – en parlant le 6 novembre 2003 de « comportement de voyou » sur les ondes de RFO à propos d’un collègue, du même bord que le tien, nom di diou. « C’est une politique de voyou(s) – as-tu mis un « s » vu que ça ne s’entend pas ? – c’est un amendement de voyou(s) », as-tu assené. Fichtre ! Ça va chauffer dans l’hémicycle, vu que j’ai vérifié, son petit banc de presse-bouton n’est pas très loin du tien, mon poto (je trouve que c’est plus sympa que mon « pote »). Voyou, « mauvais sujet, aux moyens d’existence peu recommandables », me dit le Petit Robert. « Se dit aussi d’un garçon mal élevé », ajoute Bordas. Caramba ! Voilà que mon dico informatisé me précise dans la foulée que « voyoucratie » désigne une « forme de gouvernement où les voyous sont au pouvoir ». Tu vois un peu où ça nous mène ? Ils vont pas être jouasses à l’UMP. Il est vrai que depuis qu’André Santini, le député UDF, a écrit sur « ces imbéciles qui nous gouvernent », et qu’il est en gros du même bord que ceux qui tiennent le perchoir aujourd’hui, on est tout ouïe, non ? « Il n’est pas (…) surprenant, écrit le cher homme, que je prête, pêle-mêle, à des sujets aussi sérieux que l’Europe, la décentralisation et le cumul des mandats, de la sagesse et beaucoup de niaiserie dans ce qui se dit, de la raison et une infinité de ridicules pensées dans ce qui s’écrit ». Alors, qu’un Laffineur se distingue, peut-on être surpris ? Ça coûte combien un député qui déconne ? Je te pose pas la question pour un sénateur. Tu pourrais enquêter auprès de Raffarin ; il doit savoir, lui. Il y aurait peut-être des économies à faire.

Au surplus (s’il en reste) tout ce charivari n’est, comme tu le dis, qu’ « un coup d’épée dans l’eau », vu que si c’était voté, ça ne serait pas applicable, montre bien la vanité des ces branques à effets de manches qui s’acharnent à emmerder le peuple. « J’entends des choses invraisemblables, plus sottes que méchantes. Que faut-il faire ? J’en parlai à mes confrères, qui me tinrent ce langage « : « Il ne faut pas s’inquiéter davantage de ces bavardages. La vie est ainsi faite. Tu dois en prendre ton parti. », s’épanche encore Santini. Pourquoi pas l’UMP, pendant qu’on y est ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
6 novembre 2003

André Santini, Ces imbéciles qui nous gouvernent, Editions 1, 1998, p.13 et p. 209