Chronique du 31 janvier 2004

Bah ! Saint-Pierre et Miquelon a un trou budgétaire de 9 millions d’Euros ? C’est important, certes. Mais les USA ont un trou de 521 milliards de dollars pour l’exercice fiscal de 2004. A quoi ça sert, en comparaison, de se faire du mouron pour son trou de balle ?

Tu avoueras que David est un peu plus raisonnable que Goliath, toutes proportions gardées. Et pleurer sur 9 millions d’euros peut faire sourire l’initié. Avec 521 milliards, il est grand temps que le populo fasse la grimace.

Ce budget « financera nos priorités nationales telles que gagner la guerre contre le terrorisme, protéger notre pays entre autres, tout en gardant le total des dépenses sous contrôle afin de pouvoir diviser le déficit par deux d’ici cinq ans », a déclaré Georges Bush. Tu vois à quel point on peut être con de faire confiance à un tel saltimbanque en treillis faux-cul.

C’est à cause de la guerre avec l’Irak, diront les Républicains ; c’est à cause de la guéguerre du Président du Conseil général avec l’Etat, de déplorer le député de Saint-Pierre et Miquelon sur les ondes de RFO, vendredi 30 janvier 2004. Occasion de constater que si les politiques nous foutaient la paix, on ne s’en porterait que mieux.

Le drame ne vient-il pas en fait que les politiques s’obstinent à vouloir faire leur trou coût que coûte, en en creusant un second pour les autres histoire de faire diversion ? N’est-ce pas encore plus durement ressenti dans un trou perdu, ce qui t’explique l’inconscience beaucoup plus crasse des Américains ? (allez, va prendre un petit rafraîchissement avant de poursuivre, tant qu’il y a quelque chose dans le frigidaire, comme dirait Georges Langford, un poète des Îles de la Madeleine)

Tu es revenu ? Allez, je continue.

Doit-on se préoccuper du trou des autres si par malheur on n’est pas sorti du sien ?

En France, Alain Juppé, président de l’UMP, a été condamné pour « prise illégale d’intérêt ». « J’ai compris mes erreurs mais franchement je n’ai pas honte » déclarait-il peu avant son élection à la tête de l’UMP. Qu’un homme politique admette ses erreurs, c’est déjà un premier pas ; qu’il n’ait pas honte prouve qu’il y a un réel effort pour accomplir le deuxième.

Mais si ça nous en bouche un coin, de quoi peut-on se plaindre ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
31 janvier 2004