“Grand Dérangement” sous chapiteau

Certes, ce n’était pas la canicule, mais sous le chapiteau dressé derrière le Centre culturel, vendredi 17 juin, dès 21h00, le cœur y était avec Grand Dérangement, le groupe désormais bien implanté sur la scène acadienne et internationale, à Saint-Pierre cette fois pour un spectacle unique.

Et la prestation aura été à la hauteur de toutes celles auxquelles j’aurais pu assister, à Halifax, notamment, lors du festival Grou Tyme, mais aussi en France, dans le cadre des Déferlantes francophones, dans les Landes, à Capbreton. Musique endiablée, violon entre les mains d’un Daniel LeBlanc virtuose, textes et danse font de ce groupe une référence dans la production artistique acadienne. Fougue et joie du partage font également que le contact avec le public est immédiat. Et la chaleur des artistes aura été une fois de plus communicative, comme s’ils étaient là pour nous ouvrir avec les accents roulants de la Baie Ste-Marie les portes de l’été. « J’ai pluré des patates épis j’ai fait du bon vonne », chantaient les uns ; « Mariette à Bill à Joe à John s’en vonne », reprenait le public.

Des airs plus traditionnels au regard sur l’histoire, l’Acadie était en fête en ce soir de juin 2004. Sept ans d’aventure déjà, me confiait Daniel LeBlanc ; mais tant d’autres spectacles à l’horizon, dont une programmation nourrie en France dans la foulée de leur visite à Saint-Pierre et Miquelon. Peut-on faire autrement quand on se trouve emporté par la danse aux pieds et le désir de porter une Acadie moderne dans un ballet mille fois recommencé ? « Même si des dois je ne sais qui je suis / Que l’histoire a joué des tours sur ma vie / J’ai décidé de vivre comme celui / Qui vit à Montréal ou à Paris… »

Henri Lafitte, Chroniques musicales
18 juin 2004