Chronique du 13 novembre 2004

« Madame Karine Claireaux, maire de saint-Pierre, demande une réunion de travail à madame Brigitte Girardin, ministre des DOM-TOM », titrait l’Echo des Caps dans son édition du 22 octobre 2004. « De passage à Paris la semaine du 15 au 19 novembre, j’aurais souhaité vous rencontrer… », de préciser le maire. Et celle-ci de souhaiter la présence du député et du sénateur.

« J’ai le regret de vous informer de mon impossibilité de vous accompagner », de répondre le député ; « je dois en effet être présent dans l’Archipel à compter du 11 novembre ». Mais « le sénateur-maire (…) sera par contre à Paris ». Toutefois, la Ministre de l’Outre-Mer ne sera pas là non plus : « elle considère, de souligner le député, que les problèmes budgétaires de votre Commune doivent être traités par les techniciens ».

A ce stade, relevons que quelques mètres de distance entre les protagonistes locaux ne permettent pas une harmonisation préalable à une action concertée. « De passage à Paris… » ; certes, on comprend que les emplois du temps des uns et des autres ne puissent pas se recouper. Mais le chaland-lecteur-téléspectateur n’a-t-il pas tout simplement droit à un marché de faux dupes ?

Les discussions seront donc affaire de… techniciens. Sauf que la ministre aura répondu plus politiquement, mais d’une autre manière. Dans son discours à l’Assemblée nationale du 9 novembre 2004, dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances 2005, madame Brigitte Girardin aura déclaré : « je vais solliciter une mission de l’inspection générale des finances pour analyser les finances de la collectivité territoriale et des communes de Saint-Pierre-et-Miquelon. Cette mission devra déterminer dans quelle mesure les difficultés de ces collectivités sont structurelles et quelles sont les solutions qui seraient de nature à y remédier. » Encore des techniciens dans le circuit donc, mais dans le cadre d’une action… plus politique. Dans quelle mesure en effet les difficultés sont-elles structurelles ? L’opération ne consisterait-elle pas à prouver qu’elles ne le sont pas ?

L’observateur ne manquera pas de remarquer que l’histoire locale se répète ainsi en pédalant dans la gadoue, alors que paradoxalement les comptes sont, semble-t-il, condamnés à être à sec quand pleuvent les subventions susceptibles de les alimenter.

Les échanges épistolaires sauvent la face (cachée, cachetée), les lettres s’achevant perpétuellement par un échange de « considérations distinguées et cordiales » et autres « hautes considérations ». Mais à l’orée de l’hiver, toutes dépenses confondues, les personnes âgées seront-elles condamnées à dégager elles-mêmes la neige devant leur porte ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
13 novembre 2004