Chronique du 17 décembre 2004 (2)

Aujourd’hui un ami a quitté l’Archipel avec sa famille, victime de la chasse aux sorcières du marigot politique.

Marc… Robine, chante une nouvelle fois ta chanson !

« Quand ils sont venus prendre les Juifs, /
Je n’ai rien dit car je n’étais point Juif. /
Quand ils sont venus prendre les Noirs, /
J’étais de ceux qui ne voulaient rien voir. /
Quand ils sont venus prendre les Beurs, /
Je n’ai rien fait ; je n’étais pas des leurs. /

Mais, le jour où ils viendront me prendre, /
Restera-t-il quelqu’un pour me défendre ? /

(…)

Quand ils ont commencé à prendre nos villes, /
Je n’ai rien dit : j’étais d’une autre ville. /
Quand ils ont défilé dans nos rues, /
J’étais de ceux qui n’avaient toujours rien vu. /
Quand ils sont venus prendre mon voisin, /
C’était trop tard : je n’y pouvais plus rien. /

Aujourd’hui qu’ils sont là pour me prendre, /
Il n’y a plus personne pour me défendre ! /
Aujourd’hui qu’ils sont là pour me prendre, /
Il n’y a plus personne pour me défendre ! »

Allez, rassure-toi ; il paraît que ça n’arrive qu’aux autres…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
17 décembre 2004