Chronique du 9 janvier 2005

Vœux pieux dans le lit matelassé des illusions douillettes ? Vœux que l’on égrène chaque année à même époque avant de prendre à son tour la barque de Charron, laissant le soin aux survivants de chenaler sur l’océan des belles paroles ? Vœux porteurs d’un véritable espoir ? Luxe des vœux qu’on peut encore se permettre quand ailleurs ils sont devenus superflus ? Comment imaginer une année nouvelle sans ce vernis de la parole qui vous brosse le tableau d’une vie bien cadrée ?

« Pour l’Archipel, j’espère que 2005 verra la reprise de l’activité et du développement économique permettant ainsi aux jeunes, comme à leurs aînés, d’être rassurés sur leur avenir, d’écrire le maire de Saint-Pierre dans l’Echo des Caps du 7 janvier 2005. Pour cela, nous savons tous qu’il faudra la volonté et l’intervention de l’Etat pour soutenir les démarches entreprises localement. Nous savons tous aussi, j’en suis sûre, que l’union des forces vives, ici à Saint-Pierre et Miquelon, est une condition indispensable à une réussite commune. »

Que c’est bien vrai.

Reste à savoir qui sont les forces vives. S’agit-il de castes d’intérêts circonscrits qui se côtoient, voire s’entrechoquent ? Ou bien encore de cercles d’initiés soucieux de préserver des prérogatives qu’ils s’octroient au nom d’un simulacre de démocratie ? Ou de l’ensemble des membres de la communauté, susceptibles de converger enfin vers une ambition commune, celle de surmonter les clivages inhibiteurs ou dévoreurs d’énergie ?

Serons-nous capables de ce sursaut salutaire sur la base d’une démocratie participative seule à même de libérer les énergies ? Les blocages de ces dernières décennies ne sont-ils pas la résultante d’un état inconscient d’asservissement qui fait que la réponse à tous nos problèmes soit perçue comme devant toujours venir d’en haut, situation génératrice de perpétuelles frustrations ?

Que chaque membre de notre communauté insulaire soit l’acteur responsable d’une ambition collective qui transcende les hiérarchies illusoires et Saint-Pierre et Miquelon retrouvera une véritable dynamique constructive.

Et que vivent nos rêves…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
8 janvier 2005