Chronique du 14 février 2005 (2)

On se plaint souvent.

De la vie chère en particulier.

Il est vrai que le manque de scrupules l’a largement emporté sur le respect à l’occasion depuis le passage à l’euro. Bon, les appétits spéculatifs auront été mis en veilleuse quelque temps – celui de la vigilance des grandes transhumances – mais depuis que nous nous retrouvons à nouveau dans notre pré carré, consommateurs indolents sur le plancher des vaches, les prix auront été au minimum arrondi au centime supérieur, soit un peu plus de 6 centimes du temps où l’on était franc. Mais que dis-je ?! Arrondi souvent à l’euro supérieur oui.

Rares auront été les résistants à la tentation.

Mais ils existent.

Dans le compte-rendu de la saison 2004 de l’Association pour la sauvegarde du patrimoine de l’Île aux Marins, publié dans le numéro du 11 février 2005 de l’Echo des Caps, sous la plume de la présidente, madame Augusta Lehuenen, nous lisons : « Enfin, nous avons décidé que la cotisation annuelle sera maintenue à 15,24 euros ». Pas un centime de plus ! Bravo. Voilà qui nous change des politiques et autres commerçants qui nous chloroforment dans la lente et absolue nécessité des augmentations annuelles toujours unilatéralement jugées inéluctables. Enfin du respect, au centime près.

Et comme je veux me mettre à l’unisson d’un tel tact, je te garantis, ô lecteur, la gratuité de Mathurin pour l’année. C’est tellement grisant de se dire qu’on a encore une petite maîtrise de son destin.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
14 février 2005