Chronique du 25 mars 2005 (2)

Conseil consultatif sur les pêches à Ottawa en cette fin mars 2005. Le Préfet optimiste, le député pessimiste. Deux points de vue opposés dans une délégation saint-pierraise et miquelonnaise de quatre personnes. De quoi chaluter large au niveau de l’opinion.

Qu’en est-il exactement ?

La morue est-elle en péril ?

On s’en remet aux experts. « Il n’y a donc pas de décision », faute de savoir ce qu’en pensent les experts, précisément. On s’en remet aux politiques. La France devra être consultée. Que feront les politiques ? On le saura en heure et en temps. Bref, un fonctionnement bien formaté et hiérarchisé qui, somme toute, par-delà les divisions, nous semble ordinaire.

Où le pessimisme réside-t-il ? Les Canadiens remettront-ils sur le tapis l’accord signé entre la France et le Canada en 1994 ? Notre député nous fait part de sa perplexité.

Bref – Une conférence, un dialogue international, chaque bord cherchant à préserver ses intérêts, tout baigne. Il faudra au pire, si l’on suit bien, trouver d’autres accords.

S’interroge-t-on sur le modèle économique qui aura conduit à la concentration des activités de pêche et à la surexploitation des fonds marins ? Que cette interrogation se fasse à l’échelle de l’Archipel n’y changerait, certes, pas grand chose. Mais doit-on fermer les yeux sur une issue qui semble bien inéluctable ? Que fera-t-on le jour où la morue ira rejoindre la tourte sur la longue liste des espèces disparues ? (L’exemple de la tourte est emprunté à l’ouvrage d’Hubert Reeves, Chroniques du ciel et de la vie) Tout ne se passe-t-il pas comme si l’on se voilait volontairement la face, jusqu’au déchirement ultime et l’aveuglante clarté de l’irréparable ? Par-delà l’âpre souci du court terme, pouvons-nous échapper à ce rendez-vous annoncé avec les abysses du désarroi ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
25 mars 2005