Un grand silence… de contrebasse

Niels-Henning Orsted Pedersen, le grand contrebassiste danois – NHOP pour ses fans -, est mort mardi 19 avril à l’âge de 58 ans. Il aura joué avec Oscar Peterson, Dizzie Gillespie, Sonny Rollins, Bill Evans, Monty Alexander, Joe Pass, Herb Ellis et tant d’autres grands noms du jazz. Je m’étais dit que j’aurais peut-être un jour la chance de le voir en spectacle. Quel musicien ! Une précision, une dextérité, un sens rythmique, un art du son à te laisser baba.

Tiens, pour te citer deux références de DVD. Oscar Peterson, « An night in Vienna », produit en 2004. Ou, plus loin dans le temps, « Oscar Peterson Trio 77 ». Quand tu as fini d’écouter ces deux enregistrements tu te demandes si un ange ne se cachait pas à ses côtés pour doubler des notes. Mais bon, les anges, ça relève des délires humains. Niels-Henning Orsted Pedersen était un maître de la contrebasse. Quel régal de voir une telle rencontre entre un être humain et un instrument plus grand que lui. Une osmose totale entre les deux comparses. La contrebasse n’est pas un objet inanimé., je te dis ; pas besoin de s’interroger si elle a une âme.

« Quels sont les éléments fondamentaux du jazz ? » lui demandait le magazine Jazz Hot dans un entretien de 2004. Et NHOP de répondre : « Le droit de créer son propre langage ».

Tout à coup, tu réalises le vide sidérant du silence. Certes, les enregistrements seront là pour un perpétuel retour. Mais, comme chaque fois qu’un artiste s’éteint, flottera toujours dans les airs une immense frustration.

Henri Lafitte, Chroniques musicales
20 avril 2005