Alcaz’, “La vie va”

Délicatesse de cet album qui s’ouvre dans le rapport entre l’homme et la femme ; je découvre et, comme le premier titre le précise, comme un clin d’œil « J’avoue que j’aime ». Complicité au sein de ce couple, évidente dès la deuxième chanson, l’un disant à l’autre, comme un bouquet que l’on dépose : « Et de ces petits riens / Qui font la vie entière / Je t’en donne les trois tiers ». Pour un peu, j’en oublierai de te donner le nom du duo, tellement je suis captivé par ce dialogue des voix, la complémentarité musicale. Alcaz’, tel est-il entre elle, et lui.

Secret de l’être humain baudelairien revisité par une femme dans « Indicible », le troisième titre dans « le jeu des yeux aux quatre coins / Bouquet final des Fleurs du Mal ». Les chansons visitent des rythmes variés, portées par les guitares avec une pointe de kazoo. Accents bluesys dans « Pattes de loup » propres à la cadence des mots, « Ça fait des trous, des traces de pattes de loup / Le long de ces phrases pleines de boue » pour l’homme qui avoue : « Tous les mots que j’te dis / N’sont pas toujours exacts ». Le CD se poursuit, se renouvelle dans le dialogue, ce parcours de deux êtres quand « on a eu le flash ». Et ces deux voix qui se soutiennent au fil des ans qui s’en vont, « la vie va vite et l’on s’en va ».

Dix titres dans cet album sous les couleurs de « La vie va », nourri de si belle manière que l’auditeur se coule dans ce nouveau parcours de vie, d’amour, de convergence entre deux êtres. Les voix se marient, les guitares sont pures, pleinement maîtrisées, à leur place dans l’aventure. Un violoncelle vient apporter sa chaude vibration. La relation est le fil conducteur, un superbe « thème pour je t’aime », mot si employé, mais tellement fort quand il évite les autoroutes galvaudées. Ici, tout est nuances, sincérité, respect, tendresse, découverte, aventure. « C’est extra », comme dans cette reprise bien venue dans l’enroulement des deux timbres de la composition de Léo Ferré avant cette petite touche d’humour finale « J’ai fait le tour du monde / Dans ma cuisine / Le tour de chaque seconde / Je suis quelqu’un… qui rumine ».

J’ai fait un tour de vie dans mon salon, la musique au cœur, tout à la chaleur de cette belle découverte. A ton tour, ô lecteur, si tu le désires, de te préparer un aussi tendre moment…

Dans l’attente, je l’espère, d’une rencontre sur nos îles…

Henri Lafitte, Chroniques musicales
16 octobre 2005

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Alcaz, « La vie va ».

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