Chronique du 1er décembre 2005

« Le gouvernement du Canada a (…) recommandé de ne pas ajouter à la liste de la LEP les trois populations de morue franche (celles de Terre-Neuve-et-Labrador, du Nord laurentien et des Maritimes) » d’annoncer Pêches et Océans le 28 novembre 2005, juste avant que le Gouvernement ne tombe pour avoir péché (mate l’accent aigu, ô lecteur aux sourcils circonflexes, il a son importance) dans des eaux troubles.

Ouf ! s’écrieront donc les uns.

Plouf ! s’écrieront les autres.

Et pouf ! Or, il ne resterait que 3% de l’espèce.

C’est qu’on était incapable de gérer la crise économique et sociale qui aurait résulté d’une inscription de notre « Gadus morhua » sur la liste de la folie humaine. Comme on l’aura fait pour la « baleine à bec commune du plateau néo-écossais (espèce en voie de disparition), le fouille-roche gris (espèce menacée) et le saumon coho du Fraser intérieur », le tout sans doute pour la bonne bouche.

Mais la politique a ses raisons que la raison ne connaît point, surtout quand il est question de protéger la pêche aux voix, ce qui risque fort de nous laisser sans voix le jour où nous aurons définitivement perdu la pêche.

Car notre destin n’est-il pas pendu au barbillon de la morue qui finira par nous tirer la langue pour un ultime adieu ? Qu’en pensent nos politiques ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
30 novembre 2005