Chronique du 26 octobre 2006 (2)

A la question du député Gérard Grignon qu’il aura lui-même qualifiée d’obsessionnelle – et on le comprend – concernant le plateau continental, réponse convenue du ministre de l’Outre-Mer dans le plus pur style des questions-réponses à l’Assemblée nationale : La France s’en préoccupe et bonne nouvelle le Canada est enclin à la négociation.

Pour le reste, on verra bien – qu’est-ce que la France veut vraiment -, les données concrètes n’auront pas été apportées sur le plateau.

« Quand la France ne défend plus le territoire national devant l’étranger… » de titrer pendant ce temps le site Agora.vox, en soulignant : « l’obstacle qui surprendra bien des citoyens français est l’attitude défaitiste et inquiétante du Quai d’Orsay ! Nous voilà donc dans une situation ubuesque: un territoire français veut faire valoir ses droits au nom du droit international de la mer, mais les principaux représentants de la diplomatie française et du gouvernement français ont fait preuve de couardise et de double jeu: refus de déposer un dossier aux Nations unies, mauvaise interprétation de l’arbitrage de 1992 par rapport au plateau continental, positions contradictoires… »

L’Histoire nous a appris à nous méfier des discours convenus. Et l’on reste à des milles nautiques de la mise en œuvre du constat mis en exergue par Dominique Wolton dans son livre « L’autre mondialisation » (Flammarion, 2003) : « La France a la chance d’être partout présente dans le monde par l’intermédiaire de ses collectivités territoriales réparties sur trois océans (…) L’extrême diversité historique, géographique, climatique, culturelle et sociale fait la richesse de ces outre-mers et nous permet d’éviter l’européocentrisme… », (p. 123) qui se limite trop souvent au francilicentrisme (un petit néologisme ne coûte pas plus cher qu’une réponse ministérielle enrobée de miel) et l’approche à courte vue qui en découle.

Mais l’on ne demande qu’à voir se déployer une politique audacieuse… « De l’audace, toujours de l’audace ». Je ne donnerai pas ma tête à couper que ce soit Danton qui ait dit ça, du temps des exhortations à la mobilisation. Certes, les voies sont désormais sous le sceau du savoir-vivre, ce qui n’exclut pas le savoir-être. « La France, c’est la France, Bon Dieu ! », comme dirait Fabius.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
26 octobre 2006