Chronique du 6 octobre 2006

De la « binarité » à la quadrature du cercle.

A la polarisation souhaitée du Oui ou Non pour deux questions quant aux modifications souhaitables pour le statut de la Collectivité, l’abstention massive – 74% ! – lors du référendum du 5 octobre 2006 à Saint-Pierre et Miquelon aura ouvert la grande urne de l’incertitude.

Qu’auront voulu dire les consultés qui n’auront rien dit ? Ô vide insondable de la potentialité du silence ! Ô silence soudain de cet espace temps figé qui nous effraie ! Ô urne turlupinante ! Ô tari ! Ô Pérette légère ! Ô pignons sur rue ! Ô pressés étouffés ! Ô gnons sur le bulbe ! Ô vidés ruminants ! Ô zone polarisée sur le trou béant de l’inexprimé !

Mais n’était-ce pas sans compter avec la langue de bois habituelle en politique ? « Quelque chose qui ne me dérange pas beaucoup » de commenter notre sénateur, maire de Miquelon ; l’abstention est la preuve qu’ils ont « confiance en leurs élus ». Dame ! Jeanne ! La fois prochaine, abstenons-nous de tout vote et nos lamas seront bien gardés.

N’y aurait-il pas là cependant le signe d’une déconnection profonde entre des débats d’appareils et les soucis du plus grand nombre ? Payer ses poires et ses frometons au prix roc fort n’envahit-il pas plus les esprits que la décomposition des listes ? N’est-ce pas un signe de mauvaise santé démocratique dans une forme de défaitisme quant aux options possibles ?

Le maire de Saint-Pierre exprimait toutefois son interrogation quant au sens à donner aux résultats. « Les chiffres ont parlé », commentait de son côté un journaliste, sauf qu’on peut se permettre d’en déduire qu’ils laissent plus de place à la circonspection qu’aux certitudes.

Mais le Oui l’aura emporté, parfois d’une courte tête à Saint-Pierre, sur la question de la composition des futures listes électorales.

Et demain il fera jour. Non ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
5 octobre 2006