Chronique du 5 décembre 2007

La précarité est sortie de l’anonymat sur le petit écran local ce 5 décembre 2007. Saluons le courage de ceux qui, directement touchés, auront, dans notre microcosme insulaire, montré l’envers du décor. Comment ne pas voir que d’attentisme en jeux de dupes, d’effets d’annonce en miroir aux alouettes, les îles se trouvent de plus en plus confrontées aux effets d’une économie qui ne reprend pas son souffle.

Certes, il était bon d’apprendre, un peu plus tôt, au cours du journal de Vingt heures, que l’Etat allait aider par une subvention de 1 million d’euros à réduire le déficit de la Collectivité territoriale. Il était désolant d’entendre la mise en avant de querelles qui n’en finissent pas d’amoindrir le potentiel du possible. Il fait « meilleur vivre » autour des tapis verts. L’attente est forte pour une nouvelle dynamique de l’espoir. Mais en sommes-nous capables, en-dehors d’un triste jeu desséchant ? Comment comprendre qu’on mentionne les rencontres entre conseil, mairie et autres organismes, en présence d’une personne touchée par la difficulté et qu’on mette en exergue le « solitariat » de l’efficacité prétendue sur le plateau à invité unique ? Dans cette dernière hypothèse, faut-il l’exil de tous ceux qui ne pensent pas comme soi ? De quoi prêcher dans le désert demain, sans coup férir. À quoi sert d’être le « prem » le jour où l’on se retrouve seul ?

L’Archipel a de beaux restes. Mais comme le mentionnait le Maire de Saint-Pierre, Karine Claireaux, il faut que tout le monde ouvre les yeux pour mieux comprendre les difficultés de ceux qui se sentent progressivement marginalisés. Le débat sur le plateau de l’émission « Soirée pays » mettait en relief le travail parallèle du monde associatif, amené à pallier les insuffisances.

Le chantier est de taille dans le domaine social. L’application des aides en place depuis trois décennies en métropole, dont la confirmation a été annoncée par le gouvernement à la député de l’Archipel, est un espoir d’avancée, suspendu à… la sortie des décrets nécessaires. Mais le vrai défi n’est –il pas de répondre à la solidarité nécessaire dans une société où prévaut le chacun pour soi ? Le vrai chemin doit aussi être tracé par ceux qui nous représentent.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
5 décembre 2007