Chronique du 22 novembre 2009

La nouvelle de cette fin de semaine n’est-elle pas que le virus de la grippe H1N1 ait pu muter en Norvège ? Qu’importe ! Faut pas s’inquiéter, disent les spécialistes français ; le vaccin reste efficace. Qu’en savent-ils vraiment ? Hein ? N’est -on pas plus exposé à une éventuelle mutation de la connerie ? Qu’est ce qui provoque le plus de morts de par le monde, eh, dis ? Un petit machin qui viendrait gripper notre inconscience ? Faut tout de même pas exagérer. Et puis la Norvège ne fait-elle pas partie des pays les plus riches du monde ? Tu remarqueras que la grippe nous flanque plus la trouille que la famine là où on ne risque pas de mettre le nez.

« On brûle sa savane et l’on s’en fiche / (…) Nous nous comportons en inconscients / » dit une chanson malgache dont je te parlerai une autre fois.

N’est-on pas pétri d’anxiété dans cette cadence accélérée qui vient bousculer au quotidien nos neurones déstabilisés par le déferlement des nouvelles trouillométriques ? La main de Thierry Henry sur le ballon à 862 000 euros pour l’entraîneur de l’équipe de France de football ? Darcos qui adresse une note aux entreprises sur les sans-papiers ? Sarkozy qui veut envoyer le père de L’Étranger au Panthéon ? L’interdiction des écrans géants énergivores en Californie ? Les mutations bisannuelles (hors précocités) des préfets à Saint-Pierre et Miquelon ? La pub’com’ du gouvernement sur les écrans de RFO pour nous vanter son écoute hors pair des États Généraux de l’Outre-Mer qui auront été massivement boudés ? La suppression de la taxe professionnelle qui chez nous n’existait pas ?

Assez de nouvelles stressantes ! C’est comme si je te demandais ce que deviennent nos eaux usées ; ou si je te parlais de la toxicité de la décharge vu que maintenant on a une SEM sur les fumeroles. Assez ! Et ne demande pas à ta femme qui fera la dinde à Noël ! Reste zen si elle te demande de mettre les boules sur le sapin. On en a plein le naze ; arrête !

Et ne tremble pas face au mot « mute » en coupant le son, mutatis mutandis, sur le zappeur des nouvelles qui te perturbent.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
22 novembre 2009