Est-ce que la biodiversité marine dans l’inconscience humaine ? me suis-je demandé. Tu vois, ô lecteur, que je suis encore capable de méditations transcendantales bardées de bouées couronnes. Prenons tout d’abord le mot même de « biodiversité ». Je prends un exemple. Dans mon dico Hachette de 1980, le mot n’existe pas. Il marine dans les limbes de l’avenir d’un présent d’alors aujourd’hui dépassé. Forcément. J’ai pris mon robert – démarche singulière – ; pas de trace de biodiversité non plus. Précision, il s’agit d’une mise à jour revue et corrigée de 1990. Eh oui ! J’achète un dico tous les dix ans. Du moins, si j’en crois ce que je viens d’écrire.
Ajoutons, avec le Robert : « Bio : « Les composés récents sont tous didactiques ». Didactique : « Qui vise à instruire ». Bref, faute de mot sur la biodiversité, on s’en contrefoutait il n’y a pas si longtemps.
Que tout ça est en train de changer. A tel point que parler de « biodiversité » aujourd’hui est une évidence au moment où elle est en voie de disparition. Car s’il n’en reste qu’un, l’Homme n’a-t-il pas la prétention d’être celui-là ?
Sauf que pour prendre des photos, quand tout sera éteint, il aura l’air de quoi, l’Homme, dans son Homo-unicité ? Quand il ne lui restera plus que les yeux pour pleurer, avec son objectif à pendouiller dans le vide…
Que ça en sera fini de l’illusion de savoir si Dieu, même lui, existe.
Alors, en attendant, tu peux souffler comme une baleine et te précipiter au Centre culturel de Saint-Pierre où t’attend une très belle exposition sur la biodiversité marine. Parce que des passionnés ont su la saisir au vol. Et que ça te donne des ailes…
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
12 février 2010
Exposition “Biodiversité marine” au Centre culturel de Saint-Pierre, du 8 au 28 février 2010