Chronique du 30 novembre 2010

Faut-il sortir de sa réserve quand on veut nous y faire entrer ? Là est la question à Saint-Pierre et Miquelon en cette fin novembre 2010. Car de réserve au Grand Colombier que nenni ! de rugir soudain les partisans, nombreux, de « Touche pas à mon Colombier ! ». Mais au fait, de quoi s’agissait-il ? D’une interdiction d’aller avec des animaux domestiques sur l’îlot qui jouxte la passe à Henry, tout au plus. Il est à noter toutefois que le sentiment d’avoir des directives imposées de l’extérieur aura suffi à enflammer les esprits. Les macareux faisaient déjà partie des nôtres ; fallait-il une réglementation pour nous le rappeler ? Les effets induits d’un coup de foudre échappent souvent à leurs géniteurs ; l’îlot vivait dans sa solitude vierge préservée ; l’idée d’enfermer l’ordinaire dans un carcan textuel aura servi de détonateur à incompréhension fragmentée.

Peur de se faire pigeonner avec ce projet de réserve du Colombier, sans doute.

À quand un projet de nous préserver en tant qu’espèce ? Hein, je te le demande, ô lecteur par moi trop souvent négligé. Ne méritons-nous pas un Colombier en bronze, histoire de couler notre histoire dans le béton ? On pourrait nous y visser afin
que les oiseaux viennent s’y délester joyeusement, du moins tant qu’il en restera, des oiseaux, avec nos pollutions diverses et incontrôlées.

Imagine, ô lecteur chasseur, pêcheur, TNTéteur, un esprit sain entonnant dans un ultime hommage à notre population disparue : « Colombarium morpionibus !… »

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
30 novembre 2010