Sur le sable d’or d’Omaha Beach

J’ai foulé pour la première fois le fin sable d’or de la plage d’Omaha Beach ; j’ai gravi le sentier qui mène de la plage au cimetière américain ; j’ai cheminé dans mon recueillement entre les milliers de croix qui témoignent du foisonnement d’une jeunesse soudain cisaillée par la mitraille de la folie humaine ; j’ai découvert le musée du site mémoriel ; je me suis assis dans une salle de projection où l’on nous présentait la vie écourtée de quelques-uns de ces soldats, leurs amours, leur terroir, leurs enfants, leur insouciance, leurs envies, leurs projets et la croix soudain de leur vie fauchée. Le ciel était bleu, incandescent de beauté ; la mer, en contrebas caressait la plage du farniente d’un dimanche 10 mai 2015 de grande sérénité.

Mais peut-on être serein dans un tel lieu ? Mes pensées allaient aussi vers ceux de Saint-Pierre et Miquelon qui prirent le chemin de l’enfer pour préparer le futur plus radieux de leurs descendants, celui qu’ils espéraient, pour l’idéal de la liberté, de la fraternité…

Puis je n’ai pas pu m’empêcher de penser aux folies meurtrières qui ont succédé à ces heures de carnage, malgré la paix dite retrouvée. Vietnam, Balkans, Rwanda, Irak… et autres noms qui triturent l’âme de l’espérance.

Puis j’ai chantonné la chanson de Raymond Lévêque sur le chemin du retour. « Quand les hommes vivront d’amour… »

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
11 mai 2015