Carnet de lecture : Raphaël Jerusalmy, La rose de Saragosse

Belle écriture assurément, toute en finesse, comme gravée, avec un stylet… Roman ciselé que celui de Raphaël Jerusalmy sur le thème du fanatisme mais de la force créatrice qui poursuit son chemin contre toutes les adversités.

J’avais découvert cet auteur dans une publication de Bruno Doucey, éditeur et maître ès poésie. Raphaël Jerusalmy s’était penché avec subtilité sur les derniers moments de la vie d’Apollinaire dans Les obus jouaient à pigeon vole…

Le salon du livre de Vannes de juin 2018 m’aura donné l’occasion de découvrir La rose de Saragosse aux éditions Actes Sud. Un bonheur à la hauteur de l’inspiration du geste initial d’acquisition.

Le thème est douloureux puisque nous plongeons dans les noires années de l’Inquisition au XVe siècle en Espagne, en Aragon précisément, sous la terrible férule du Grand Inquisiteur dominicain Torquemada.

Je n’ai pu résister, la dernière page venue, d’écouter la riche voix de Yasmin Lévy et sa chanson ladino Mi corazón, avec en tête ces villes espagnoles où vivaient de concert des communautés d’obédiences différentes, jusqu’au jour de l’exacerbation fanatique de l’Inquisition qui allait ouvrir les chemins de l’exil.

Que de fanatismes religieux au cours de l’Histoire, aucune citadelle de l’esprit n’ayant eu le monopole de la cruauté ! La Sainte Inquisition du temps des Rois catholiques a de cruels échos en notre XXIe siècle au nom d’écritures diaboliquement… humaines. La chasse à l’autre jalonne le parcours de l’Homo sapiens. Perversité, jalousie, délation…, terribles réalités sans cesse revisitées.

Le roman de Raphaël Jerusalmy nous tient en haleine ; nous entrons avec lui dans l’ineffable de la création.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

1er août 2018

Raphaël Jerusalmy, La rose de Saragosse, Actes Sud 2018 – ISBN : 978-2-330-09054-8