De l’adaptation aux contextes

Les tergiversations autour des mesures adaptées à la situation de l’archipel face au risque de la COVID-19 de l’année 2020 montrent à quel point le système centralisé tel qu’il est dans l’ensemble français est inopérant.

Dépassé par les événements, le gouvernement sous l’égide du président Macron aura pris, pour l’Hexagone, la décision d’un confinement généralisé, allant même, dans l’absurdité, à définir les biens essentiels par rapport à ceux qui ne le sont pas. Qu’on imagine les technocrates bûchant, coupés des réalités, sur ces distinguos pour pondre le décret correspondant signé par le premier ministre. (une pensée pour Prévert)

Force est de constater que l’épidémie liée à ce nouveau coronavirus aura pris à contre-pied des pays qui auront négligé leurs structures de santé, comme ils l’auront fait pour leurs systèmes éducatifs ou le manque d’investissement dans la recherche.

Devenus des sociétés de services dans une économie mondialisée, soumis à la financiarisation, à la spéculation, à la désindustrialisation, la France et de nombreux pays européens se sont retrouvés désarmés face à l’épidémie. La crise sanitaire a un effet boomerang pour une crise économique et sociale qui ira en s’amplifiant.

Dans le climat de panique et ne tirant pas suffisamment les leçons du coup de massue du mois de mars, le gouvernement en place aura pris la décision d’un confinement qui nie toutes les différences de situation sur le terrain, tant en métropole, qu’outre-mer. Les témoignages de totale incompréhension se font jour malgré une presse globalement asservie.

Il serait temps que les cartes soient sérieusement redistribuées. Que nos gouvernements aient en charge les questions clefs d’éducation, de santé, de sécurité et déploient tous les moyens permettant au pays d’être à la hauteur des défis sans cesse renouvelés. (Il est intéressant de noter que la doxa des 3% d’équilibre qui aura amené la mise à sac du service public semble être oubliée. Méfions-nous toutefois ! Les requins sont toujours à l’affût.)

Au niveau régional – et donc territorial – les dispositifs doivent permettre de tenir compte des réalités de terrain pour des adaptations concertées. Il faut certes un décideur mais ce ne doit pas être le fait de qui que ce soit dans une tour d’ivoire. La vitalité citoyenne est cruciale pour éviter les dérives.

Il est permis de s’interroger sur ce que veut dire espace régional quand surviennent les grands défis. Demain la montée des eaux ne se limitera pas à notre archipel. Différentes focales sont nécessaires pour trouver les réponses adaptées.

Certes tout cela est complexe. Mais l’histoire humaine aura suffisamment démontré que rien n’est écrit d’avance. L’Homo Sapiens n’a pas survécu sans le sens des adaptations.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

4 novembre 2020