Entre deux zoos

Je me souviens de ma visite au zoo de Vincennes ; j’étais étudiant. Puis j’eus l’occasion de découvrir d’autres zoos ; normal quand on a un rapport citadin au monde dit sauvage. Tiens, voilà un singe ! Perception faussée de l’évolution ! Il m’aura fallu du temps pour me rendre à l’évidence de notre propre appartenance à l’animalité.

En juillet 1969 en voyant un bipède sautiller sur la lune, bras écartés,  j’aurais pu m’exclamer : tiens ils ont affublé Cheeta d’une tenue de scaphandrier ! Mais je n’avais pas encore pris toute la mesure de l’être et le néant.

Beaucoup d’années se seront écoulées ensuite avant que j’apprenne qu’après la deuxième guerre mondiale la France victorieuse avait cru bon exhiber comme dans un zoo des ultra-marins kanaks, rescapés de la grande boucherie de la grande première, au jardin d’acclimatation.

A nous voir cantonnés sur nos quelques arpents au fil de l’évolution de de l’épidémie de coronavirus, je me suis dit que ne tarderait pas le jour de l’archipel des singes tel que pouvant être perçu par les hérauts de l’Olympe.

Aussi, histoire de prendre un peu de recul, ai-je récapitulé l’histoire de l’homo sapiens. Le langage était inventé et l’on a appris in petto à communiquer la peur.

D’où la différence entre celui qui prend les jambes à son cou – ce qui, conviens-en est une prouesse – pour échapper au gorille qui vient de s’échapper de sa cage et celui qui, dans son salon, a les jambes en pâté de foie en entendant une chèvre sur un écran plat lui assener d’une manière ostentatoire : gare à tes fesses, bouc stupide ! (Je simplifie)

Mais il est des piqûres de rappel dont on peut douter de l’efficacité…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

18 mars 2021