Jean-Paul Delfino, Assassins !

Une chambre. Emile Zola est couché, il a 62 ans ; il ne sent pas bien. Sa femme non plus. L’auteur des Rougon-Macquart, se remémore sa jeunesse, des tranches de vie qui l’auront marqué, façonné. Parallèlement nous sommes en 1902, plongés dans l’ambiance de l’époque, la violence qui se déchaîne contre le Juif, coupable de tous les maux au sein d’une société déchirée… Les ferments des catastrophes à venir ont enclenché leur œuvre mortifère.

Ainsi s’enclenche le récit de Jean-Paul Delfino dans son roman, Assassins ! Titre choc qui t’ébranle, dès la page de couverture. L’auteur sait varier les séquences ; tantôt nous sommes dans la chambre, tantôt avec les factions qui sèment la haine de l’autre. Le suspense est en cours. L’interrogation est là : que se passe-t-il ? La femme de Zola perçoit que quelque chose d’anormal est en cours ; elle vomit : mais son mari est tout entier à ses réminiscences. L’art dramatique de Jean-Paul Delfino est là, tout en maîtrise.

Emile Zola est en train de mourir. Il ne le sait pas. S’agit-il d’un assassinat en cours d’exécution ? Pour l’auteur, le doute est vite levé. Le roman est construit tel un polar, sur une interrogation entrée dans l’Histoire, mais aussi, fibre journalistique en appui, sur ce qui l’amène à des convictions au vu de tous les éléments entourant le décès de Zola. Les faits se succèdent, les noms sont précis, le récit est haletant.

Le roman suscite, par-delà l’événement dramatique lui-même, une réflexion sur ce qui se passe aujourd’hui dans une France en proie à des turpitudes, lourdes de tristes relents.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

19 octobre 2021

Jean-Paul Delfino, Assassins ! – Le livre de poche – 978-2-253-26190-2