Henri Gougaud, Le voyage d’Anna

Il fut un temps où l’on s’embrochait furieusement au nom de Dieu. En ces temps de folie en vertu de constructions tout aussi imaginaires, Le Voyage d’Anna d’Henri Gougaud nous renvoie aux exactions commises à Prague en 1620 lors de luttes terribles entre catholiques et protestants. La vie d’une jeune servante, Anna, se trouve bouleversée ; elle sauve l’enfant de son maître, victime du déferlement de haine.

Plume alerte, sens du récit comme chaque fois chez Henri Gougaud (l’auteur de la confrérie des Innocents – cf mathurin), on se laisse porter, la tête entre deux époques du fait du contexte actuel. Tout s’enchaîne sur la trame des impondérables liés à la moindre des décisions. Ainsi vont les rétroactions que l’on simplifie par le seul mot de destin. On se laisse prendre par les péripéties qui s’enchaînent sur le chemin d’Anna, dans une narration où le conte affleure. Où niche la beauté de l’être humain quand pleuvent les coups du sort ? Le voyage douloureux est initiatique ; la lueur devient lumière dans un étouffoir de ténèbres, « vie qu’on ne voit pas et qui va pourtant son chemin comme le ruisseau sous la terre. » (p. 158).

Entre conte et récit d’aventures, ainsi va le parcours d’Anna. Et les fleurs de la vie de pousser sur les meurtrissures.

Henri LAFITTE, Chroniques insulaires

20 avril 2022

Henri Gougaud, Le voyage d’Anna – Points format poche – ISBN : 978-2-2-86482-4