Samedi Jambon-Beurre et ravissement

Samedi 5 novembre 2022. Michel Detcheverry est venu de Miquelon pour ouvrir la soirée. Texte d’ouverture bien placé, donnant une tonalité Robert Lamoureux qui retient, interprétations de chansons de part et d’autre de l’Atlantique et nous voilà partis à nouveau en voyage.

Éric Frasiak de prendre la suite, avec Benoît Dangien au piano. Un concentré de superbes chansons, de tonalités variées, aux enchaînements rythmiques de grande diversité. Un grand souffle emporte l’assistance. Quelle force, quele profondeur, quelle présence ! Il est tant de chansons qui nous emportent. Non-essentiel ? dit l’une d’entre elles ? Mais c’est que nous sommes, avec ces deux grands musiciens, au cœur de la vie, la Poésie.

Jérémie Bossonne et son frère Benjamin, une fois de plus, nous captivent. Leur énergie, leur présence scénique nous coupent le souffle, avec une profondeur de textes à nous retourner au tréfonds de nous-mêmes. Quelles chansons que La tombe et Spirale pour n’en citer que deux. Et quelle fraternité sous nos yeux ! Intense ! Superbe.

Puis un moment magique dans une reprise de A Gottingen de Barbara en compagnie de deux invitées, Hélène Pannier et Claire Autin ! Une grande émotion, une belle réussite. Patrick Boez, de par-delà l’immensité de l’inconnu, de leur dire sans doute : Merci. Un grand symbole de la raison de notre présence à tous dans ce festival.

Lizzy Levée est sur la scène, assise sur un tabouret, guitare au cœur. Sa voix nous enchante, comme lors de son premier concert à Saint-Pierre, dans la simplicité du lien qu’elle tisse avec le public. Le Portugal est un grand phare qui nourrit sa langue d’adoption, sa rythmique, son écriture, ses mises en forme aux accents du Fado, comme la reprise de L’Albatros de Baudelaire où l’on se sent transporté dans les quartiers de l’Alfama à Lisbonne. Belle complicité aussi quand, aux accents folk, elle invite Lise Martin qui doit clôturer la soirée.

Il « neige des pétales de fleurs ». Lise Martin est accompagnée par Chouf à la guitare, elle-même alternant guitare et ukulélé.

D’abord, la voix ! Une profondeur qui nous étreint. Des chansons qui témoignent d’un parcours où il aura fallu trimer pour sortir de la gangue de toutes les adversités. Le public était là, dans cette Salle des fêtes chaleureusement décorée, n’en déplaise à l’heure tardive. On en demandait encore. C’était beau.

Pour nous dire au revoir, en faisant de nous tous une même équipe, une chanson sans la sono, devant la scène, une réécriture en français d’une chanson de Léonard Cohen, Dance me to the end of Love. Poignant de fraternité. Et le bonheur d’être là.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

6 novembre 2022

Photo: @Jean-Christophe L’Espagnol