Au fil d’une Rivière

Il est des circonstances qui favorisent la réflexion. Ainsi l’aura permis le fait d’être présent à Salies-de-Béarn, le dimanche 29 octobre 2023, jour de présentation du long métrage de Dominique Marchais, cinéaste passionné du rapport de nos sociétés à la nature, consacré au gave de Pau, intitulé La rivière.

D’emblée, le film nous plonge dans une atmosphère où l’on oublie le rythme fou de nos quotidiens et l’on se met à observer, à écouter. Un ruisseau, une rivière, puis soudain des pas, des bruissements. Des bénévoles nettoient les traces de la pollution humaine, déchets qui viendront contaminer la chaîne alimentaire.

Le film est construit comme autant de chapitres appuyés sur des hommes et des femmes qui, de par leurs connaissances et expériences de terrain, nous permettent de mesurer l’impact de nos inconsciences.

Assèchement des ruisseaux dû aux bouleversements de l’environnement à cause de la culture intensive du maïs, rupture des équilibres naturels, disparition du saumon, effondrement de la bio-diversité…  Les sujets abordés permettaient d’aller aisément, dans sa réflexion, au-delà de l’espace entre bassin versant des Pyrénées et embouchure de Bayonne. Mes pensées voguaient vers notre propre espace insulaire et les modifications profondes qui interviennent dans notre environnement.

Je me remémorais les propos d’Isabelle Autissier, présidente du WWF, interrogée par le géopolitogue Pascal Boniface, soulignant la différence de comportements entre les marins et les terriens. En mer, il faut tenir compte en permanence de tout ce que l’on fait pour assurer sa survie. Sur terre, on bâtit, on construit, on bétonne et on réfléchit après sur les conséquences. 

Nous sommes face à des défis d’une ampleur que l’on sous-estime dans notre quotidien. Pourtant les bouleversements sont là et chaque jour nous avons l’embarras du choix pour le constater.

A l’issue de la projection, le public est resté et les échanges ont lieu avec le réalisateur et un participant au film. Echanges riches, intenses, profonds. L’heure est à la réflexion quant aux convergences nécessaires pour relever le gant. On n’infléchit rien sans elles. Le monde associatif du Béarn des gaves fait preuve d’une grande vitalité.

Quel que soit notre lieu de vie, ne sommes-nous pas confrontés à des bouleversements qui nécessitent de nouveaux dynamismes pour ouvrir les portes de l’espérance ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

30 octobre 2023

Prolongement : https://www.lesinrocks.com/cinema/dominique-marchais-recoit-le-prix-jean-vigo-2023-pour-la-riviere-598077-17-10-2023/