Dire que le monde est secoué par de grandes perturbations n’est guère qu’un constat imparable.
Dire que dans notre pays la politique est source d’un profond écœurement par son incurie relève d’un constat identique.
Se méfier des discoureurs d’évidences à l’emporte-pièces est une nécessité impérieuse.
Lire le dernier ouvrage d’Edwy Plenel, Se tenir droit, peut aider le lecteur à chercher le beau et le bon. En quelque sorte il fait bon, en lisant ce livre, ouvrir des portes d’espérance, débarrassées d’illusions béates.
« Alors, plutôt que de désespérer ou de renoncer, voire de renier, essayons de comprendre et de lutter, de réfléchir et de résister. » (p. 43)
Douze portraits pour une politique sensible… Tel est le sous-titre de cet ouvrage où l’on découvre le fil conducteur de l’engagement journalistique d’Edwy Plenel. Rosa Luxembourg, Édouard Glissant ouvrent les repères de mémoire. Pages douloureuses aussi au fil d’une Histoire qui nous empoigne aujourd’hui.
Se méfier des emportements à l’emporte-pièce, alors que les manipulations de l’opinion font florès, telle est l’urgence de la vigilance.
L’écriture est fine, précise et posée, documentation solide à l’appui. Ce livre est une invite, au fil des évocations (François Maspero, Charles Péguy, Daniel Bensaïd, Emile Zola…) à une exigence de réflexion éclairée dans un monde profondément bouleversé en sachant « résister à l’air du temps »(chapitre 4), celui des vérités qu’on nous assène et qui nous manipulent.
Quand il faut réinventer, quel que soit notre point d’ancrage, une haute idée de la politique, dans un monde « où l’argent (est) promu en valeur étalon des êtres et des choses. » (p.223)
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
29 Octobre 2023
Edwy Plenel, Se tenir droit, Seuil 2023 – ISBN : 978-2-02-150701-0