Regard sur la XXVè Commission mixte de Coopération régionale

Il est des lignes de frontières qui donnent lieu en ce monde tourmenté à des rapports de forces fracassants. Que de souffrances alors… !

Il est des contextes frontaliers qui ouvrent la voie de partenariats enrichissants où chacun est à même de porter dignement ses propres couleurs.

Ainsi va le nôtre dans le déroulement d’une Histoire riche et trop souvent méconnue. Comment alors ne pas se sentir motivé par les exigences d’espérance dans l’interconnexion avec nos voisins des Provinces atlantiques canadiennes ! 1996 et la première Commission mixte auront ouvert le champ des possibles qu’il appartient à chacun de nourrir, rien ne survenant par génération spontanée.

Invité à participer à la XXVè Commission mixte de coopération régionale au sein d’une délégation conduite par le Préfet Bruno André, j’aurai eu le bonheur de mesurer à quel point de nombreuses portes s’ouvraient avec facilité à commencer par celle du Gouverneur de Nouvelle-Ecosse, monsieur Arthur J. Leblanc, le premier Acadien à accéder à ce poste éminent. Habitué de Barrington Street depuis mon enfance, je n’aurais jamais imaginé franchir le seuil le lundi 20 novembre 2023, d’une telle maison officielle à haute valeur symbolique. Et quelle chaleur dans l’accueil !

Notre âme est nourrie des rapports étroits avec l’Histoire acadienne où d’entremêle notre propre récit de descendants de pêcheurs de morue…

L’archipel est confronté aujourd’hui à de nombreux défis. Notre chance de survie passe par notre positionnement original dans le contexte ouest atlantique aux portes du Canada. La Nouvelle-Ecosse fait corps avec notre propre appartenance à l’Histoire complexe du Nouveau-Monde.

J’ai entendu des témoignages de réalisations concrètes dans différents domaines, revigoré, dans un contexte local de grande incertitude, notamment par un travail dont j’ai mesuré la qualité, de la part des pêcheurs associés de Miquelon ; rigueur, méthodologie, partenariat avec l’Union des Pêcheurs des Maritimes, faisaient chaud au cœur et je ne pouvais que méditer sur les leçons à tirer de ces témoignages. J’ai, sur un plan plus large, mesuré avec bonheur le chemin parcouru depuis la première Commission mixte ; on ne peut se situer qu’à l’aulne des initiatives. Des acteurs de Saint-Pierre et de Miquelon, sur plusieurs plans, sont pleinement engagés. Cette chronique veut tout simplement en témoigner.

Au fil d’un long parcours personnel, je mesure, plus que jamais, que le repli sur soi ne peut être que mortifère. Les liens avec les autres dans l’interaction des identités propres et des vécus sont source de vitalité. La dimension culturelle, grâce à toutes ses interactions dans notre espace régional, est quant à elle un vecteur clef de tout développement économique.

Les voiles d’une insularité revivifiée peuvent alors bénéficier de souffles porteurs.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

23 novembre 2023