Jacques Schleef – Albert Weber, Summerlied
Je découvre un superbe livre consacré à la musique alsacienne, Summerlied, co-réalisé par l’organisateur du festival ainsi dénommé, Jacques Schleef et… Albert Weber, journaliste des DNA et de Chorus, connu à Saint-Pierre et Miquelon pour être venu partager le défi du festival Franco-Marines en 1997.
Combien de fois ai-je pu constater que la musique vous réserve de belles surprises !
Surprise car l’on suit dès les premières pages l’émergence d’un nouveau festival déterminé à mettre en exergue les artistes alsaciens, dans un esprit de d’ouverture. C’était en… 1997, la même année que Franco-Marines, août pour Summerlied, 7-12 juillet pour Franco-Marines, convergences dans le fil conducteur.
Livre de 300 pages, superbement illustré et témoignage de tout un engagement au service des artistes pour la valorisation de tout ce qui contribue à l’âme d’un terroir. Alsace, Saint-Pierre et Miquelon, même défi, rien n’étant jamais acquis comme aura pu le dire un grand poète. Jacques Schleef dans les pages d’ouverture où il évoque l’historique du festival révèle au lecteur la dynamique créatrice de l’engagement quels que soient les vents contraires.
Lire un tel ouvrage c’est aussi mesurer tout ce qui nous aura échappé. Que d’artistes que l’on n’aura pas eu la chance de découvrir ! Mais quelle beauté des engagements pour tout ce qui fait sens, par-delà nos quotidiens prosaïques. Qu’est-ce qui fait sens dans une communauté ? … Je laisse la question en suspens…
Au coeur de cet ouvrage – pages 190-192 -, Albert Weber évoque les liens qui se seront tissées à partir de Saint-Pierre et Miquelon, suite à sa première visite en 1996 sur les traces, en tant que journaliste des DNA, des réalisations de Mgr Maurer, évêque de l’archipel, mais Alsacien qui aura su trouver les financements pour la construction de l’école Sainte-Odile. Albert Weber, journaliste aussi du magazine trimestriel Chorus, de Fred et Mauricette Hidalgo, consacré à la chanson d’expression française aura vécu la magie des connivences insoupçonnées. Ainsi s’enchante le fil du hasard sur la portée des imprévus. Il aura fortement contribué à faire connaître ce qui se passait sur nos îles, lors des Franco-Marines, mais aussi des Musicales atlantiques en 2001, puis des Déferlantes atlantiques quand Isabelle Lafargue aura pris le relais, la dénomination de Déferlantes ayant aussi trouvé son rayonnement à Capbreton dans les Landes, sous la houlette de Maurice Segall, avec des artistes de tous horizons, dont le Québec et l’Acadie. « Aurais-je de 1998 au début des années 2010 séjourné plusieurs fois par an au Québec, en Nouvelle-Ecosse, au Nouveau-Brunswick, en Ontario et à Saint-Pierre et Miquelon sans cette rencontre initiale avec Mgr Maurer ? » de s’interroger Albert Weber. (P.193) Aurais-je, quant à moi, mené cette vie sans l’appel par téléphone de François Maurer, alors que j’étais à Ottawa début août 1973, pour prendre la direction du Collège Saint-Christophe ? Les voies (voix) alsaciennes ont des cheminements qui se jouent des distances.
Dans un chapitre vers la fin de l’ouvrage – En avant la musique -, il est des réflexions qui rejoignent celles que l’on peut mener dans notre propre espace. En quoi des événements culturels peuvent être porteurs de rayonnement ? Une prise en compte des enjeux par toutes les composantes d’une société, y compris politiques, n’est-elle pas primordiale ? Quelles sont les couleurs qui témoignent d’une identité collective, ouverte au monde ? Comment une population se situe-t-elle face à ces enjeux ?
Summerlied et son sous-titre Alsace en musiques impressionnent, dans ce bel écrin, par la richesse du contenu, par la vitalité exprimée, par la diversité artistique ici collationnée. L’ouvrage de référence parlera au coeur de l’Alsace bien sûr, mais il est aussi l’occasion de vibrations profondes, quel que soit son point d’ancrage.
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
14 décembre 2023
Jacques Schleef – Albert Weber, Summerlied – Le Verger Editeur 2023 – ISBN : 978-2-84574-435-6