D’une rue du XXè à Paris… au Panthéon

J’ai déjà eu l’occasion d’écrire une chronique sur Didier Daeninckx pour son roman Missak, publié chez Perrin en 2009. Le 21 février 2024 marque le quatre-vingtième anniversaire de l’exécution de Missak Manouchian par les Allemands au Mont-Valérien. Te souviens-tu de l’Affiche rouge ? J’ai donc relu ce récit conçu tel un polar, le personnage principal, journaliste, partant début 1955 sur les traces de qui était Missak, résistant d’origine arménienne en France sous l’Occupation. Par touches successives on entre au cœur du drame arménien, projetant des exilés vers la page terrible de l’Histoire que fut la Résistance en France lors de la deuxième guerre mondiale. Le récit est dans l’après-guerre, dans une recherche de mémoire. La quête est passionnante, saisissante. On doit inaugurer une rue à son nom dans le XXè arrondissement à Paris. Ce sera fait le 5 mars 1955.

Dans la dernière lettre à sa femme Mélinée, Missak Manouchian précise : «  Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand… » (p.38) Terrible rappel alors que Russes et Ukrainiens se déchaînent les uns contre les autres, qu’il en est de même entre Israéliens et Palestiniens. Terrible rappel de l’Histoire qui révèle l’inaptitude de l’Homme à surmonter ses travers sous le couvert d’idéologies.

Le journaliste travaille pour le journal L’Humanité ; il est au Parti communiste. Nous suivons son cheminement bousculé dans ses a priori. La vie a des échos étranges alors que ma relecture coïncide avec la nouvelle du décès en colonie pénitentiaire de l’opposant russe à Vladimir Poutine, Alexeï Navalny.

Missak Manouchian et sa femme Mélinée, hier oubliés, entrent au Panthéon.« Quand les hommes vivront d’amour »… chantait le poète québécois Raymond Lévesque. Mais l’Homme trouvera-t-il un jour la voie de… l’humanité ? 

Didier Daeninckx « signe ici le premier livre consacré à la mémoire d’un personnage encore trop peu honoré, Missak Manouchian, héros d’une population immigrée engagée dans la Résistance », lit-on en quatrième de couverture. C’était en 2009. Un récit qu’il est bon de lire et relire tant il nous donne à nous situer. Et quelle peut être longue la route vers la reconnaissance…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

19 février 2024

Didier Daeninckx, Missak – Perrin 2009 – ISBN : 978-2-262-02802-2

Rappel article : http://www.mathurin.com/2015/11/didier-daeninckx-missak/