François Villon chantait avec mélancolie « Mais où sont les neiges d’antan ? », dans la Ballade des dames du temps jadis. Une façon d’exprimer tout ce qui s’inscrit inéluctablement au passé. Pourtant, depuis la Saint-Valentin de ce mois de février 2024 à Saint-Pierre et Miquelon, l’hiver nous aura requinqués. Comment ne pas admirer l’énergie déployée pour le déneigement quand le savoir-faire se remarque dans la précision de la pelle d’un chouleur et la dextérité des camionneurs ? Soudain s’exprime un immense besoin de fixer sur son capteur numérique une scène qui donne toute son amplitude à la joie. Chantez hautbois et crissez raquettes. La nature ouvre l’imaginaire des randonnées dans la poudreuse. Les passants s’interpellent, échangent leurs anecdotes, leurs souvenirs, souvent pelle à la main. On se redécouvre accros aux grappins. Flotte une atmosphère rassurante. L’ordinaire a été perturbé, mais l’esprit de jouvence l’emporte.
Sans doute les images d’un hélicoptère canadien venu porter assistance en pleine tempête à Miquelon resteront-elles dans le récit collectif. Collisions à Saint-Pierre sur chaussée pentue et glissante et blessée évacuée sur Terre-Neuve contrebalanceront la liesse. La vie est ainsi faite, tourbillon d’ondes contradictoires.
Prendre l’air à pleins poumons, se ressourcer à l’âme blanche quand reviennent les neiges d’antan…
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
18 février 2024