Chronique du 25 novembre 2006

« Je suis aujourd’hui en mesure de vous annoncer qu’à compter de mars 2007 les règles restreignant la concurrence auront été modifiées après consultations des collectivités concernées et des acteurs économiques », a déclaré le 23 novembre 2006 Nicolas Sarkozy devant des centaines d’élus de l’Outre-Mer invités au ministère de l’Intérieur.

Question : notre député était-il présent, sachant que notre sénateur était en stage (non, ce n’est pas une coquille) ?

Il est vrai que la décision concerne les DOM, donc la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et la Réunion.

Mais qu’adviendra-il de notre COM ? Quel projet défendront le moment venu nos politiques ? N’aurons-nous pas constaté plus d’une fois que les grands principes valables sur des ensembles plus vastes pouvaient être destructeurs dans une communauté aussi fragile que la nôtre ? Ô temps, suspends ton vol ! gémissait Lamartine. Prenons le temps d’éviter de faire des conneries irréparables au risque de raser les mottes en se laissant séduire trop aisément pas les voix des sirènes prêtes à surgir des coulisses. Nicolas Sarkozy précise que les décisions sont le résultat des consultations auprès « des collectivités concernées et des acteurs économiques », ce qui montre bien la vigilance qui doit être la nôtre : les collectivités concernées ne peuvent se prononcer sans l’avis de l’acteur du tarmac, car ici il ne peut qu’être singulier, ce qui n’a rien de bizarre en l’occurrence vu notre spécificité, celle que nous évoquons d’ailleurs en tant d’autres occasions. Tout le monde est concerné, du touriste à l’évacué sanitaire qui s’ignore, tu sais, celui qui sommeille en chacun de nous.

Aussi me dispenserai-je de revenir sur une chronique déjà écrite que tu pourras revisiter si tu le désires, ô lecteur (chronique du 19 septembre 2005), mais je te le dis sans ambages, au-delà des douloureuses inévitables, je n’ai pas changé d’avis. Air Saint-Pierre est vital pour notre devenir. Et s’il est bon de rêver à des développements toujours envisageables – à condition de ne pas oublier les réalités -, évitons de sombrer corps et biens dans le mirage de l’utopie.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
24 novembre 2006