Chronique du 3 février 2009

Les vingt-cinq kilomètres de Miquelon édition 2009 seront-ils compromis ? La mer est en train de couper, depuis ce week-end de fin janvier 2009, la dune – pauvre poire – en deux. Encore une ou deux tempêtes et les phoques pourront passer à ouest. C’est la consternation. Quoi donc ? La nature nous fait ça ? Mais c’est pas juste ! Que fait le pouvoir ? Ça rame, dame, s’écriera-t-on (laveur). Mais la mer déchaînée n’a que faire des tollés.

Et dire que l’on avait une portion de route toute neuve ! Du macadam de chez macadam, de l’or noir étalé sous nos roues joyeuses de randonneurs motorisés. Tout à coup tout se dérobe, les sables se meuvent , les roches s’enlisent, l’océan houle, les vagues roulent, les buttereaux coulent, le goulot refoule, les boules s’affolent, les moules font des gâteaux et tout le monde en fait un plat. La main de l’homme n’y peut mais, désormais, comme l’aura précisé fort justement notre Président territorial. L’insouciance est mise à pied le long de nos côtes lacérées. Demain il faudra sans doute penser au bac pour traverser le gué.

Certes pourra-t-on jeter la pierre à la mer mais elle s’en tamponnera le coquillard, la mer. À moins de trouver le nap qui permettra de faire baisser le niveau demain. Et moi, pauvre rêveur qui avais posé mon cœur dans un creux de la dune, le verrai-je emporté par l’écume comme un oyat dans le gargoton d’un cheval ?

Et dire que parmi les 1000 projets pour relancer la France figure la réfection du plateau (insulaire) du quai de l’Épi ! Diantre ! Epi, phénomène, bien sûr, de nos arrachements, de nos enrochements, de notre avenir clair comme de l’eau de roche.

Et la mer dansera le rock & roll dans le golfe.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
3 février 2009